Lectures d’été : réalismes et utopies

Dans son dernier livre, « Changeons de voie » , Denoël, 2020, Edgar Morin, sociologue, « fête » son centenaire en nous livrant ses réflexions sur le Covid et son impact sur notre société.

Un de ses textes, « Réalisme et utopie », m’a interpellé et me semble être une bonne base de réflexion sur la rentrée 2021 qui nous attend.

Il y a deux réalismes nous dit l’auteur. Le premier est de  croire que le réel présent est stable. Il nous rappelle que le présent est toujours travaillé par des forces souterraine , à l’image de la vieille taupe dont parle Hegel (puis Marx), qui finalement disloque un sol qui semblait ferme. Ce réalisme croit intangibles l’ordre et l’organisation existante. Un peu comme si le Covid passé (ou atténué), tout redevenait comme avant. Certains y croient (y compris des syndicats patronaux et ouvriers), mais si la majorité sent plus ou moins confusément que ce ne sera pas le cas. Et vous ?

Il y a une autre forme de réalisme : le présent est un moment dans un devenir et il faut essayer de détecter les signaux faibles qui annoncent des transformations. Il ne s’agit pas alors de transformer le présent, mais plutôt de concevoir les possibilités d’utiliser ces processus transformateurs du présent en proposant des idées qui auraient été perçues comme utopiques il y a quelques mois. Et pour vous, quels sont ces signaux faibles ? Quelles transformations prévisibles ?

De même qu’il y a deux réalismes, il y a deux utopies. La « mauvaise » utopie est celle qui se veut parfaite : plus de guerre, par exemple. Or rien n’est plus mortel que le parfait.

La « bonne » utopie est irréalisable dans le présent, mais elle dispose des possibilités techniques ou pratiques de réalisation : c’est la bonne utopie par exemple qui prône un capitalisme d’impact (je vous renvoie au livre de Ronald Cohen) qui permet de mixer le dynamisme et l’énergie du capitalisme avec la recherche d’un monde plus écologique.

Et pour vous, quelle pourrait être une bonne utopie ?