Une seule corde suffit parfois

Voici un texte d’André Sève qui m’a inspiré. 

« Un soir de concert, le célèbre violoniste Paganini (1782-1840) jouait avec tant de fougue qu’une corde se rompit, la plus fine, la chanterelle ; imperturbable, il continue de jouer.

Une deuxième corde saute, puis une troisième. C’est presque la fin du morceau. Frénétiquement applaudi, Paganini termine en beauté avec l’unique corde restante, la grosse corde de sol.

En chemin dans la vie, une à une les cordes sautent. Mémoire capricieuse, levers difficiles, fatigue du soir. Combien de temps pourrons-nous jouer encore le concerto de la vie ?

Sans être un Paganini étincelant jusqu’au bout, on peut faire entendre des choses belles avec les cordes qui restent. Il faut les fréquenter en grande amitié plutôt que trop penser aux cordes disparues. »

Cette dernière corde, c’est aussi la plus grave, celle de la patience courageuse, de la sagesse. Ce n’est pas seulement au bout de la vie que les cordes sautent. Cela peut arriver à la fin d’un long projet, à un tournant de carrière, à un changement profond dans notre vie. 

C’est à partir de cette corde que nous pouvons finir notre partition et entamer un chemin de résilience. 

Pour ceux qui transmettent leur savoir, c’est aussi le moment où les sachants ont le sentiment d’avoir transmis beaucoup. Ils ne restent plus à leurs tutorés, à leur tour, découvrir le jeu avec une corde. Cela demande beaucoup de temps et de patience et cela ne se transmet pas. Cela s’acquiert par le travail et l’humilité.