Harry Potter et ses amis vont-ils prendre le contrôle de votre entreprise ?

Devant la déferlante Harry Potter cette semaine dans les cinémas (et bientôt en livre), nous pouvons nous interroger où s’arrêtera Harry

Voici une société de magiciens qui vit quasiment parmi nous en Angleterre, qui a un gouvernement, des ministres. Elle a des relations étroites avec le gouvernement britannique. Avec les pouvoirs dont disposent ses membres, nous aurions pu imaginer que cette société de magiciens serait prospère, influente et innovatrice. Pourtant, à la lecture des livres, nous voyons une société assez repliée sur elle-même, quelques riches (plutôt sinistres) et beaucoup de personnes de classe moyenne (fonctionnaires, commerçants) vivant parfois assez chichement.

Deux économistes, Daniel Levy et Avichai Snir, ont publié il y a quelques temps une étude sur l’économie potterienne (Human Capital and Economic Growth in the Potterian Economy) dont le journal « Les Echos » a présenté un résumé : « : L’un des plus célèbres modèles explicatifs de croissance est celui de Robert Solow. Il lie la croissance à l’augmentation de la population, du stock de capital humain (l’éducation) et du capital physique (les machines).

L’économie potterienne évolue-t-elle en conformité avec le modèle de croissance de Robert Solow ?

Leur constat est que dans l’univers potterien, ces facteurs sont délaissés. L’éducation des sorciers au collège Poudlard privilégie trop les matières pratiques et les « trucs » au détriment de l’esprit d’invention et de la culture. En plus, il n’y a pas d’enseignement supérieur pour les sorciers. Du coup, ils préfèrent les jobs institutionnels aux métiers d’entrepreneurs : d’où une hypertrophie gouvernementale et à l’inverse une incapacité à investir et à produire. Par ailleurs, personne ne parlant de langues étrangères, le monde potterien est clos sur lui-même, alors que sa population n’augmente pas. Pratiquement aucun des amis de Potter n’a de frères ou soeurs. Certes, l’économie potterienne a bien recours à l’immigration, mais greffée sur un système où l’éducation est peu ouverte et la production découragée, celle-ci aboutit surtout à de violents conflits sociétaux.

Et les auteurs de conclure : un modèle d’économie stagnante très prévisible à l’aune des critères de Solow. Donc, à priori, pas de craintes que l’économie britannique (et française) tombe dans les mains des magiciens du monde de Potter.

Les auteurs soulignent enfin que ce modèle d’économie est proche de celui de l’économie française. Serions-nous devenus « potterien » avant la lettre ?