Cynisme et confiance

Il est couramment dit que le meilleur facteur de progression de l’entreprise est la qualité de la cohésion interne. Cela suppose une confiance entre ses membres. Or, dans nombre de cas, nous observons le cynisme. Peut-on en survivre ? Philosphons un peu…

Il existe une anecdote savoureuse sur les brasseurs qui rendirent visite au Pape et promirent une contribution substantielle au Vatican. Ils offrirent cette contribution à condition que le Pape changeât la prière : « Donnez nous notre pain quotidien » en « Donnez nous notre pain et notre bière quotidiens ». A voir l’expression de stupéfaction sur le visage du Pape, un des brasseurs des plus puissants demanda : « Votre Sainteté, entre nous, combien vous donnent les boulangers ? » Cette histoire met en lumière l’approche cynique des relations humaines.

Le cynique n’a pas confiance en son prochain. Il est prêt à croire le pire au sujet des êtres humains. Les cyniques sont convaincus que chacun de nous a un prix et que tout ce que les gens font, est motivé par l’appât du gain. Comme le dit Oscar Wilde, un cynique « connaît le prix de toute chose et la valeur d’aucune. » Lorsqu’une personne fait un don important à une oeuvre de charité, le cynique n’est pas impressionné. Cela doit être une façon d’échapper aux impôts pour le donneur ou peut être une recherche d’honneurs et de louanges. Le cynique est certain d’une chose : le donneur, en faisant cela, n’a obéi qu’à son propre intérêt.


Les philosophes nous décrivent deux sortes de personnes : celui qui est généreux dans son cœur et celui qui est sage dans son cœur. C’est relativement facile d’avoir un cœur généreux, de donner de l’argent. Il est plus rare et plus difficile d’être sage dans son cœur, c’est-à-dire de donner sa confiance en même temps que son argent.


Notre génération a appris à avoir un cœur généreux. Elle participe à beaucoup plus d’actions charitables que la génération précédente. Mais nous ne sommes pas très confiants vis-à-vis d’autrui. Nous sommes cyniques sur les motivations qui poussent les gens à donner. Nous ne faisons pas confiance aux autres. Emerson a dit : « Fais confiance aux hommes et ils seront honnêtes en retour. Traite les avec considération et ils se montreront grands ». Le cynisme, l’approche soupçonneuse des autres, le fait d’attendre d’eux le pire, détruira la société. Au contraire, la confiance en autrui, est le fil qui renforcera le tissu social.


Henry L. Stimson fit cette remarque : « La principale leçon que m’a appris m’a longue vie est que le meilleur moyen de rendre un homme digne de confiance est bien de lui faire confiance. Le moyen le plus sûr de le rendre déloyal est de ne pas lui faire confiance et de le lui montrer. » Les gens réussissent dans la vie quand quelqu’un leur fait confiance, leur permettant d’exprimer le meilleur d’eux mêmes.


Préjugeons du meilleur chez les autres. Il se peut qu’occasionnellement nous nous soyons trompés mais le plus souvent nous serons témoins des efforts réalisés pour être à la hauteur de notre confiance. Nous trouverons la vie très difficile si nous abordons toute personne avec méfiance et suspicion. Le cynisme détruit ; la confiance construit. Soyons parmi les bâtisseurs.