Le phénomène du stress, un rappel des fondamentaux de l’animation d’équipes

Le stress, ce n’est pas seulement une affaire individuelle ou la responsabilité de l’employeur, c’est aussi une question d’entraide collective au sein des équipes avec l’appui de l’encadrement à tous niveaux. Une réflexion autour du rapport Larose-Lachmann-Penicaud)

Nous vivons depuis plusieurs mois dans un climat qui met en exergue le stress en entreprise avec la vague de suicides chez France Telecom. Cela n’est pas nouveau et les suicides (plus particulièrement ceux en entreprise) ne s’arrêteront pas malgré les postures des politiques. Cela ne veut pas dire qu’il ne faille pas s’en occuper. C’est un phénomène grave, sérieux et qui nécessite la mobilisation de tous.

C’est dans ce contexte que le rapport publié par un syndicaliste et deux dirigeants d’entreprise (Christian Larose, Henri Lachmann et Muriel Pénicaud) à la demande du Président de la République apporte un nouveau regard. Présenté le 18 février, il a été un peu occulté par les vacances de février, mais mérite le détour.

En fait, il renvoie dos à dos les deux grandes thèses : celle qui consiste à dire que le stress est une affaire individuelle (« tous responsables ! ») et n’est donc pas de la responsabilité de l’entreprise et celle qui considère que le stress est principalement affaire d’environnement et de conditions de travail et donc que c’est l’affaire de la direction de l’entreprise (« tous coupables ! »). Il ouvre une troisième voie en insistant sur la responsabilité à la fois collective (la direction et les partenaires sociaux ont un rôle à jouer) et individuelle (le salarié a aussi un rôle à jouer) et aussi de l’équipe au sens large : dans ce dernier cas, le management, à tous le niveaux joue un rôle essentiel.

Quelques mesures (il y en a dix au total) :

  1. L’implication de la direction est indispensable
  2. La santé des salariés est l’affaire des managers, elle ne s’externalise pas
  3. Il faut donner aux salariés les moyens de se réaliser dans leur travail
  4. Les managers doivent être formés à leur rôle
  5. La mesure de la santé psychologique des salariés est indispensable

Ces différentes mesures m’interpellent à quatre niveaux :

  1. le stress est d’abord affaire de prévention. Les actions lancées par les entreprises sont trop souvent curatives et font écran de fumée. Faire à grand frais des sessions sur les risques psycho-sociaux par les organismes extérieurs revient à réduire le stress aux gens fragiles et à fermer les fenêtres dans les étages supérieurs (témoignage d’un manager qui a suivi une telle formation). Est-ce seulement cela ?
  2. Le travail, c’est aussi un partage social. Ne donner que des objectifs individuels revient à isoler économiquement et psychiquement les personnes et donc à les fragiliser ? Est-ce cela que nous voulons ?
  3. L’exemple ne peut venir que de la chaine hiérarchique. Reporter la faute sur les seuls dirigeants ou les « petits chefs » est trop facile. Chacun à son niveau dans la chaîne hiérarchique est responsable de l’exemple qu’il donne. Les actes de contrition des dirigeants ne suffisent pas si leur main gauche ne respecter pas ce que dit leur main droite.
  4. Enfin sur un plan plus général, n’est-ce pas finalement le rôle traditionnel du management de faire cela ? Peut-être faut-il revenir aux fondamentaux…

Voulez-vous aller plus loin ? Je vous renvoie à mon livre « Favorisez le bon stress dans l’équipe » (Eyrolles, 2009).