Gare au Champ de Distorsion de la Réalité

La compétition actuelle pousse les dirigeants à nier de plus en plus la réalité. Gare au retour de bâton !

Selon Wikipedia, le Champ de distorsion de la réalité (CDR) est un terme du jargon de l’industrie informatique, et désigne l’effet que le fondateur d’Apple, Steve Jobs, a sur les personnes qu’il côtoie : employés, clients, fournisseurs, journalistes, etc., et qui les fait voir la réalité avec les yeux de Jobs. L’expression est attribuée à Bud Tribble, qui dit la tirer de Star Trek : il l’invente pour décrire le charisme de Jobs et ses effets sur les équipes travaillant au développement du premier Mac, leur faisant croire à ce qu’ils faisaient et leur faisant abattre des montagnes de travail pour mener le projet à bien. La plupart des personnes sont conscientes de l’effet, mais ne peuvent lutter contre, et finissent par l’accepter, les effets du charisme de Jobs s’estompant lorsque celui-ci s’éloigne, comme s’il était réellement entouré d’un tel champ. Par exemple, en sa présence, les employés d’Apple seraient poussés à annoncer des délais d’achèvement irréalisables. Le CDR a des effets comparables à ceux d’un champ magnétique, mais dans les esprits.

Dans sa biographie sur Steve Jobs, Walter Isaacson (Le livre de Poche, 2011) décrit de nombreux cas où Steve Jobs, grâce à ce CDR réussit à convaincre ses collaborateurs à produire des logiciels dans des délais extrêmement courts. Ce CDR trouvait toutefois ses limites dans les délais de production ou de commercialisation par exemple.

Le CDR est utilisé souvent par des patrons qui poussent (moitié charme, moitié coup de gueule) leurs collaborateurs à réaliser des actions dans des délais impossibles. Si cela fonctionne parfois, la réalité économique et technique limite ses effets.

Malheureusement, dans le climat actuel, de nombreux dirigeants poussent leurs collaborateurs et …les consultants à de telles extrémités. Faire des formations de 3 jours en un jour, des coachings d’une heure avec compte-rendu intégré, … telles sont quelques-unes des demandes que je reçois tous les jours.

Les conséquences des CDR à répétition sont dramatiques : usure des gens, diminution de la crédibilité, stress sans véritable valeur ajoutée… Comme le dit une pub réinterprétée : un CDR, ça va ; trois CDR, bonjour les dégâts !