Dans la pièce de Shakespeare, « Beaucoup de bruit pour rien », une phrase m’a interpellé : « Le silence est l’interprète le plus éloquent de la joie. Je ne serais que faiblement heureux si je pouvais dire combien je le suis » (Claudio, acte II). Le héros, Claudio, venait d’apprendre qu’il pourrait convoler en justes noces avec la personne qu’il convoitait.
Peut-on avoir une joie intérieure et ne pas l’exprimer parce qu’elle nous engloutit ? En termes plus simples, les introvertis ont-ils le droit à s’exprimer à leur manière et non pas en clamant haut et fort, comme les extravertis leur joie ?
Nous sommes dans un monde d’apparences où tout est théâtre, tout est sonore à tel point que finalement nous ne prêtons plus guère attention au bruit. Durant les campagnes présidentielles et législatives, les candidats et leurs soutiens ont tellement criés que personne n’a compris ce qu’ils disaient et encore moins ce qui est à retenir.
Il en est de même dans la vie professionnelle : le bruit, le bruit, le bruit ! Et pourtant, les évènements les plus tonitruants sont souvent ceux qui donnent le moins de résultat. Regardez le nombre de grandes déclarations médiatiques où la montagne accouche d’une souris.
Dans le même temps, des évènements « anodins » silencieux peuvent provoquer des catastrophes. C’est la métaphore du météorologue Edward Lorenz qui, en 1972 » posa la question suivante : « le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ? ». L’effet papillon se matérialise par une série d’évènements insignifiants qui mis bout à bout conduit à un évènement de grande ampleur.
Il en ressort que la joie intérieure et les actions qu’elle nous entraîne à faire peuvent être aussi voire plus puissantes que l’explosion de joie.
Alors, défendons notre droit à l’expression intérieur et arrêtons de faire beaucoup de bruit pour rien.