Et si on se suicidait ?

A lire, écouter ou voir les médias aujourd’hui, il y a de quoi désespérer dans ce climat anxiogène. Voici un extrait du livre d’Arto Paasilina, Petits suicides entre amis, Folio 2014. Il pourrait correspondre à notre ressenti après un regard sur les médias : 

Il ne faisait pas bon vivre en ici, la société était dure comme le granit.
Les gens étaient cruels et jaloux les uns des autres. Le goût du lucre était général, tous couraient après l’argent avec l’énergie du désespoir. Les habitants étaient sinistres et malveillants.

S’ils riaient, c’était pour se réjouir du malheur d’autrui. Les riches opprimaient les pauvres, leur faisaient payer des loyers exorbitants et leur extorquaient des intérêts prohibitifs.
Les déshérités, de leur côté, se conduisaient en vandales braillards et n’élevaient pas mieux leurs enfants. Les fonctionnaires tout-puissants passaient leur temps à imaginer de nouveaux formulaires pour humilier les gens. Commerçants et grossistes se liguaient pour racler jusqu’au dernier sou les fonds de poche des malheureux. Dans l’industrie et les bureaux, ouvriers et employés étaient forcés de travailler comme des machines et mis au rebut s’ils se fatiguaient. Les chefs exigeaient un rendement permanent, humiliaient et rabaissaient leurs subordonnés. Les hommes étaient soumis à une constante obligation de réussite, à laquelle ils n’échappaient pas même pour quelques jours de vacances. Les collègues se surveillaient hargneusement les uns et les autres et accablaient les plus faibles, les conduisant au bord de la dépression nerveuse et au-delà.

Si on buvait, le foie et le pancréas se détraquaient. Si on mangeait trop bien, le taux de cholestérol grimpait. Si on fumait, un cancer mortel s’incrustait dans les poumons. Quoi qu’il arrive, chacun s’arrangeait pour culpabiliser son voisin. Certains faisaient du jogging à outrance et s’écroulaient morts d’épuisement sur la cendrée.
Ceux qui ne couraient pas devenaient obèses, souffraient des articulations et du dos et mouraient pareillement, au bout du compte, d’un arrêt cardiaque.

Dans de telles conditions, vous comprendrez que dans ce livre, une quarantaine de personnes décident d’en finir avec cette vie, se retrouvent et partent en car pour un dernier voyage. Ils vont aller de cap Nord (en Arctique) au sud du Portugal, partager plein de choses, vivre des moments forts et au final reprendre goût à la vie. 

Voici un livre très gai, malgré son titre, que je vous conseille pour trouver ou retrouver la pêche dans cette saison sombre et humide, avec plein de « bonnes » nouvelles : inflation, grèves, guerre… 

Ce qui est le ressort de ce changement, c’est le sens qu’ils donnent ou redonnent à leur vie.  Comment trouver ce sens ? Je vous renvoie au livre de Victor Frankl, découvrir un sens à sa vie