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Faites payer le pinceau !


Connaissez-vous Lippi ?  Né à l’époque de Donatello et de Botticelli (qui fut son élève), Lippi fut un grand peintre à son époque. Savez-vous qu’il fut un remarquable gestionnaire de ses talents ?

Tous les artistes de Toscane, de Rome, de Sienne lui doivent une éternelle reconnaissance. Tout ce qui, un jour, s’honore ou s’honorera du nom d’artiste le lui doit et le lui devra. Grâce à Lippi, les peintres ont acquis de « faire payer le pinceau ». Faire payer le rêve ! L’imaginaire ! L’inquantifiable ! Facturer le talent en plus du travail !

« A moi, tu me donnes juste de quoi ne pas mourir de faim. Et encore, si j’ai peu d’appétit, mais mon pinceau ! Avec quoi crois-tu que je le nourris ? Avec des rêves de ventre bien rempli ! Les ventres qui crient famine ne rêvent que de poulets rôtis ! Et tu veux des Madones, pas des saucisses ! Dis-le à mon pinceau ! Lui ne comprend que le langage des florins ! ».

Lâchée un jour de colère, l’expression est restée : « faire payer le pinceau ». ! Lippi transforme l’humble artisan, mal payé, souvent à la tâche, en artiste rétribué pour son don. On gagne mieux sa vie quand le rêve est inclus dans le devis.

Et vous ? Etes-vous payé à la tâche ou savez-vous vendre votre créativité, votre originalité ?

Perfection ou excellence ?

Voici un texte extrait d’un livre aujourd’hui épuisé (mais trouvable d’occasion) sur la différence entre la perfection et l’excellence.

« Le perfectionnisme est un piège dangereux. Il nous séduit, parce que nous estimons qu’il est nécessaire à la réussite, alors qu’il en est le plus grand obstacle. Il nous empêche de prendre des risques, de chercher de nouvelles perspectives et d’utiliser des solutions originales pour résoudre les problèmes.
Si l’excellence est un processus dynamique d’amélioration constante, la perfection est un état statique (et hypothétique) à l’aune duquel nous nous jugeons toujours mal !
La prise de risques fait partie des ingrédients essentiels d’une vie motivante, et il n’est pas possible d’attendre d’être parfait pour commencer à en prendre. Si vous n’imaginez pas la réussite possible sans la perfection. Vous aurez tôt fait de tomber dans le piège de la victimisation. A partir de là, cette perfectibilité deviendra votre meilleure excuse pour ne rien entreprendre.
Imaginez que vous regrettiez de ne pas savoir écrire de la poésie. Qui vous empêche ? Peut-être trouverez-vous le frein (un souvenir scolaire de la notation par exemple). L’obligation que vous vous donnez d’écrire un poème « parfait » vous empêche alors d’essayer de composer le premier vers. Dans ce cas, vous traversez votre vie comme si quelqu’un était sans cesse en train de vous observer et de vous « noter ».
La peur de ne pas être parfait vous interdit alors de prendre les risques qui s’imposent pour mener une vie satisfaisante.
Le perfectionnisme conduit directement à la paralysie. La bonne nouvelle, c’est qu’être responsable (et tendre vers l’excellence) n’a rien à voir avec le fait d’être parfait. »

Alors, devez-vous chercher la perfection ou l’excellence ?

Marquez votre originalité

 

Banksy est un des artistes les plus célèbres du Street Art ; Ces œuvres se vendent à des prix faramineux  et un film à sa gloire attiré des centaines de milliers de spectateurs (« exit through the gift shop »). Banksy est aussi un original et il a vendu dernièrement certaines de ses œuvres au prix modique de 60 $ dans un endroit très passant de New York, le long de Central Park. Le résultat fut décevant. Lieu inapproprié ou absence de mise en scène ? Nul ne le sait.

Cela m’attire trois réflexions

  1. La première est que toute œuvre d’art a besoin d’un environnement adéquat pour être mise en valeur. Chacun d’entre nous est une œuvre d’art. Quels talents vous reconnait-on ? Les connaissez-vous ?
  2. La deuxième est qu’un artiste peut être reconnu par ses fans, mais qu’il n’a pas de grande valeur pour les autres. Par qui êtes-vous reconnu ? Est-ce ceux-là qui sont importants pour vous ?
  3. La troisième est que Banksy a fait plus parler de lui dans les médias par cette action qui ne lui a pas couté grande chose (voire même rapporté de l’argent) que par une expo ou une œuvre originale. Il a cassé les codes classiques de la communication à son avantage. Et vous ? comment pouvez-vous élargir votre notoriété professionnelle de manière originale et là où on ne vous connait pas ou peu, mais où vous aimeriez aller un jour ?

Un outil : construisez votre carte « politique »

La carte politique, issu de la méthode NEWS (cf. mon livre : « Donnez du sens à votre vie avec la méthode NEWS », ESF, 2013) vous permet de prendre en compte votre environnement. Elle est particulièrement utile lorsque vous abordez une nouvelle situation, mais mon expérience permet de dire qu’elle est intéressante à faire de temps en temps pour coucher sur le papier ce que vous pensez savoir de manière intuitive. Il y a parfois des bonnes et mauvaises surprises !

Un exemple :    Mathieu, informaticien, rêve de vivre de l’écriture de programmes pour Smartphones et tablettes. Il en a écrit quelques-uns qui ont connu un certain succès. Son environnement inclut : sa femme qui préférerait qu’il garde cela comme un hobby ; ses parents qui crient « au fou !» ; ses amis technophiles qui l’y encouragent ; ses contacts dans le monde informatique qui croient en lui ; …

Mathieu ne sait comment prendre en compte ces différents messages. 

La carte politique  vous permet d’embrasser d’un seul coup d’œil ceux qui sont impliqués ou non dans la situation présente et leur degré de soutien (selon votre estimation).

Comment la réaliser ? Dessinez un diagramme en vous positionnant au centre et attribuez   un signe « + » à ceux qui vous encouragent  (ou « ++ »); un signe «- » à ceux qui vous découragent  (ou « — ») ;  un signe « O » à ceux qui sont indifférents.

Cela donne une carte de votre environnement et l’équation des « pour » et des « contre » que vous devez prendre en compte.

En réalisant sa carte politique, Mathieu prend conscience de ses opposants, mais aussi de ses appuis.  

La carte met en évidence le point de bascule.

 A vous de jouer !

Pour ceux qui veulent aller plus loin, je vous renvoie à mon livre (« Donnez du sens à votre vie avec la méthode NEWS », ESF, 2013). N’hésitez pas à me contacter à ce sujet.

La famille change… et l’entreprise ?

En cliquant à la base de la vidéo,vous pouvez afficher les sous-titres en Français.

Vineet Nayar est le PDG de HCL Technologies, une multinationale indienne de services informatique. Depuis 2005, il a transformé de fond en comble cette entreprise. Son livre relate son odyssée pour y parvenir et pose de nombreuses autres questions, comme celle de la comparaison du modèle familial et du mode de management en entreprise.
Un extrait
Tous les matins, en partant au travail, nous nous préparons à nous conformer aux pratiques et aux règles non écrites du travail :
•Méfie-toi de ton supérieur,
•Ne te laisse pas trop émouvoir par quoi que ce soit
•Souviens-toi, ça n’a rien de personnel ; c’est seulement du business.
Ces comportements nous viennent tout droit de l’âge industriel quand les structures ressentaient le besoin de se protéger au travers de méthodes « commandement et contrôle ».
Les familles ont, elles aussi, fonctionné sur ce mode autrefois. Ces dernières décennies, pourtant, ont vu changer considérablement les familles. Les parents veulent être les amis et les mentors de leurs enfants. Ceux-ci veulent qu’on leur fasse suffisamment confiance. Les meilleures familles sont celles qui ont une culture de la confiance. Si celle-ci n’existe pas, il y a souvent des conflits entre les parents et les enfants et entre les parents eux-mêmes.

Il conclut (cette partie) en se demandant si les entreprises ont su, elles aussi, créer le même genre de confiance qui règne dans les familles les plus fortes et ainsi évoluer.

Vous pouvez peut-être vous dire que les modes d’organisation se sont assouplis, que les unités de travail sont plus petites et que le mode projet est devenu la norme. Si la forme y est, est-ce le cas du fond (la confiance) ? Est-ce que le mode centralisateur et directif à la française (avec sa part de paternalisme) a changé ? L’exemple vient-il d’en haut ?

Libre à vous, selon vos situations, d’y répondre. Pour ma part, en tant qu’observateur extérieur de nombreuses entreprises, j’estime, qu’en général, les messages sont bien diffusés, mais l’exemplarité (not. Du haut de la pyramide) n’est pas de mise.

Peut-être que ceci explique en partie la démotivation grandissante des salariés.

Comment mesurer alors la confiance ? C’est ce que nous aborderons la semaine prochaine

Votre projet est perçu comme stupide ? Lancez-vous !

Daniel Isenberg, un spécialiste de l’entrepreneuriat vient de publier (en anglais) : « Worthless, impossible and studip » (Harvard Business Press, 2013). Il y explique notamment que :

  • Les meilleures réussites en entrepreneuriat sont basées sur la reprise d’idées déjà existantes et non sur l’innovation.
  • Vous n’avez pas besoin d’être un expert dans l’univers que vous visez pour réussir. Les meilleurs n’ont fait que repérer une opportunité. 
  • Le jeune âge est plus un handicap qu’un atout. Ce sont souvent des gens plus mûrs et expérimentés qui réussissent. 

Moralité : notre époque aime donner une image jeune aux entrepreneurs, peut-être pour permettre aux plus âgés de pouvoir s’auto-excuser de ne pas se lancer.

Soyez authentique, mais pas trop !


Qui n’a jamais entendu ces phrases : « Soyez authentique ! Soyez vous-même ! Restez naturel ! »

Est-ce que cela paie ? Oui, sûrement. D’abord, parce que vous faites illusion 15 minutes peut-être, mais très vite le naturel revient au galop et gare au contrecoup. Votre interlocuteur peut vous en vouloir de s’être fait piéger. Ensuite, parce que même si vous avez obtenu ce que vous voulez (un contrat, un poste, …), est-ce vraiment adapté pour vous ?

Mais devons-nous être purement authentique ?  Oui, mais avec un bémol : que représente votre authenticité pour votre interlocuteur ?

Dans son livre « Le management expliqué par l’art » (Ellipses, 2013), Olivier Babeau explique les grands concepts du management  au travers d’anecdotes issues du monde artistique. Il écrit notamment ceci à propos de l’authenticité :

Vous connaissez sûrement la Vénus de Milo qui est exposée au Louvre. Si elle est souvent présentée comme un parfait exemple de l’art grec classique, vous serez peut-être surpris d’apprendre qu’elle est doublement fausse :

  • Elle est tout d’abord une imitation des statues de l’époque classique (Vème avant JC), mais a été sculptée trois siècles plus tard. Il s’agit de la reprise d’un vieux classique avec des touches de modernisation, une sorte de « vintage » avant l’heure, à destination de clients intéressés par ce style modernisé (il y en a eu des centaines de copies à l’époque). Ce qui n’est pas « exact » aux canons classiques, c’est la torsion du corps, les plis des draperies et l’aspect dénudé.
  • La seconde erreur est son caractère dépouillé, sa blancheur. Or, à l’époque, les statues (et les monuments) étaient peintes. Il en était de même au Moyen Age avec les Cathédrales (ceux qui ont visité la sainte chapelle à Paris ont pu voir ce que cela donnait).

Cela veut dire qu’en art, le produit « authentique » n’est jamais repris tel quel, il est réinventé. En art, comme en marketing et … en recrutement, la vérité, l’authenticité n’ont aucune importance. Ce qui compte, c’est la manière dont les gens se représentent cette vérité. Les œuvres, comme les produits, sont des objets symboliques chargés d’une puissance d’association indépendante de leur authenticité.

Moralité : soyez authentique, mais pas trop !

Nous sommes (presque) tous des femmes au travail

« Les codes de l’entreprise restent penser par les hommes pour les hommes » : partant de ce constat, Anne-Cécile Sarfati, rédactrice en chef adjointe au magazine prodigue des conseils concrets pour être plus visible  dans son ouvrage  » Etre femme au travail : ce qu’il faut savoir pour réussir mais qu’on ne vous dit pas ».

A la lecture de ceux-ci, ne sommes-nous pas, messieurs, souvent des femmes au travail ?

  •  Cessez d’attendre qu’on vous repère spontanément : cette attitude peut être perçue comme un signe d’humilité mais aussi d’arrogance. Ne signifie-t-elle pas en effet, que vous seriez tellement géniaux qu’on devrait vous remarquer spontanément 
  • Acceptez que votre expertise et/ou vos résultats dans votre travail ne suffisent pas : certes le « faire » est important mais le « faire-savoir » l’est tout autant. « Nous sommes évalués non pas sur ce que nous sommes, mais sur la perception de ce qu’on semble être, non sur ce qu’on dit, mais comment c’est entendu, non sur ce qu’on fait, mais comment on est perçu en le faisant ». 
  • Apprenez les techniques de l’affirmation de soi... pour faire évoluer votre manière de communiquer avec les autres dans votre entreprise. 
  • Ne négligez pas les titres et les attributs des postes que vous occupez. Dans l’entreprise, il faut avoir du contenu bien sûr, mais également du style. Et le style passe par les apparences. Or quoi de plus apparent que les titres et les bureaux ?
  •  Devenez visible auprès de vos N+2 et N+3 : vous pouvez rayonner et tisser des relations utiles dans votre entreprise tout en restant loyal. Un moyen classique de se faire remarquer est d’accepter de participer, voire de proposer sa contribution lors de projets transversaux pilotés directement par la hiérarchie supérieure. Une autre stratégie est de participer à des conférences et autres séminaires, qui sont l’occasion d’échapper un peu aux règles hiérarchiques classiques.
  • Gérez votre image en réunion : beaucoup de personnes pensent qu’elles doivent tout savoir sur tout avant de se  lancer, qu’elles doivent parler doucement en pensant que c’est ainsi qu’on les entendra et elles sont terrorisées à l’idée d’être prises en défaut par leur auditoire. Mais il y a toujours une marge de manœuvre pour progresser dans son expression orale Si c’est le cas, faites un stage de prise de parole en public.
  • Ne négligez pas votre image en séminaire : il est bon de participer de bonne humeur aux fêtes et autres activités collectives, mais on ne peut ni tout y dire ni tout y faire. 
  • Préparez au maximum les entretiens … que vous pouvez avoir avec les gens « importants » de votre entreprise et notamment votre entretien annuel, si ce rendez-vous est prévu dans votre entreprise. Certes, il est important de garder son naturel et de communiquer selon sa propre personnalité, mais attention à ces petites habitudes de langage qui peuvent brouiller vos messages en donnant l’impression que vous manquez de confiance en vous…
  •  Développez votre réseau professionnel : il vous permettra de tisser des liens utiles pour vous mais également de rayonner puisque les gens qui vous connaîtront (client, collègues, etc.) pourront parler de vous.

Hommage au leader aristocratique (et psychologique)

 Les médias sont pleins de leaders : des leaders effectifs,  ceux qui anticipent et donnent la      direction; des leaders institutionnelles, qui sont officiellement chefs mais ne dirigent pas (comme la Reine d’Angleterre, par exemple) ; des leaders évhémères, des leaders qui sont absents ou qui ont disparu mais sont présents dans la tête de ceux qui les suivaient (l’influence de l’Abbé pierre, chez Emmaüs)…

Pourtant la quatrième catégorie (selon Eric Berne, père de l’Analyse Transactionnelle), le leader psychologique, on en parle peu. C’est le leader vers lequel on se tourne en cas de difficultés. Ce peut être un de vos collègues, quelqu’un d’un rang hiérarchique supérieur ou moindre et  qui a de l’écoute, un savoir-faire en termes de compréhension, de soutien.

Ces obscurs,  ces sans-grade (pour Plagier Edmond Rostand et sa tirade de l’Aiglon), ce sont ceux qui rassure, calme, pondère.

Je voudrais leur dédier ce texte d’Edgar Morgan Forster (1879-1970),  un  écrivain anglais qui a écrit dans son livre « Two Cheers of Democracy » le texte suivant : « Et pourtant je crois en l’aristocratie. Si le mot est exact et si un démocrate peut l’employer. Non pas à une aristocratie basée sur le rang et l’influence, mais à celle des prévenants, des discrets et de ceux qui ont du cran. On trouve ses membres sans toutes les nations, parmi toutes les classes et chez des gens de tout âge. Et il y a comme une connivence secrète entre eux quand ils se croisent. Ils représentent la seule vraie tradition humaine, l’unique victoire permanente de notre drôle de race sur la cruauté et le chaos. Des milliers d’entre eux périrent dans l’obscurité ; peu sont de grands noms. Ils sont à l’écoute des autres comme ils le sont d’eux-mêmes, sont attentionnés sans en faire des tonnes, et leur vaillance n’est pas une pose mais plutôt une aptitude à pouvoir tout endurer. Et en plus ils ont de l’humour… »

Merci à Anna Gavalda qui me l’a fait découvrir au travers de son livre « La Consolante » (J’ai lu, 2010)