Enseigner le découragement…

Sur la vidéo ci-dessus, Charisse Nixon, prof de psychologie à la Penn State Behrend (Pennsylvanie, USA), propose un exercice très simple à ses étudiants : chacun d’eux reçoit une feuille sur laquelle figurent trois mots et doit trouver une anagramme pour chaque mot. Tout l’intérêt de cette petite expérience réside dans le fait que le troisième mot est le même pour tout le monde. Pourtant, seuls les élèves qui avaient des premiers anagrammes faciles trouvent le dernier anagramme, aucun élève à qui on avait donné deux premiers mots impossibles ne trouve le troisième.

Ce que Charisse Nixon vient de mettre en évidence de manière spectaculaire est l’impuissance apprise (parfois désignée sous le terme de résignation acquise) traduction française du Learned Helplessness théorisé par le psychologue comportementaliste américain Martin Seligman, Le sujet intègre durablement que ce qui lui arrive est indépendant de son comportement, ce qui a trois conséquences :

  •  il a du mal à comprendre qu’il peut avoir prise sur les événements(déficit cognitif)
  • sa motivation baisse fortement, il n’émet plus de réponses volontaires (déficit motivationnel)
  • il s’enfonce dans une forme de dépression(déficit émotionnel)

Le psychologue canadien Marc Vachon estime que l’impuissance apprise repose sur trois caractéristiques

  • le sentiment que la situation est permanente, ce que trahit l’utilisation de mots comme toujours, jamais, personne, etc. « Je n’y arriverai jamais ! »
  • le sentiment d’être victime, que l’on retrouve dans des phrases telles « Ce n’est pas ma faute ! Je n’y peux rien. »
  • le sentiment d’envahissement: tous les secteurs de notre vie sont affectés par le changement.

Tout professionnel aura reconnu, dans les termes décrits ci-dessus, le collaborateur en difficulté qui s’enfonce petit à petit dans la certitude qu’il n’est pas capable, qu’il n’y arrivera pas, qu’il a beau essayer, les résultats viennent montrer son incapacité à comprendre, à faire, à essayer, à oser. Son estime de soi est mauvaise, voir les autres réussir renforce ces sentiments.

Comment lutter contre l’impuissance apprise, alors ?… On perçoit, à travers l’explication du phénomène, quels peuvent être les leviers : la confiance en soi, l’estime de soi, donc la valorisation, notamment face au groupe, la nécessité de réussir régulièrement et de ne pas être confronté continuellement à l’échec, donc la différenciation, le maintien par le management  d’une attitude résolument positive et notamment la maîtrise par le manager de son discours et du vocabulaire employé, le travail en petits groupes fondé sur l’étayage par les pairs…

Souce : Francetvinfo.fr