Cadres, enseignants, tuteurs… même combat demain ?

LinkedIn vient de publier une série de réflexions sur l’enseignement demain. Voici un extrait d’une réflexion d’Eric Hazansur les compétences de l’enseignant demain. Changez « enseignant » par managers, cadres, tuteur, … et vous vous y retrouverez. Alors demain, tous enseignants ?

La technologie va profondément remodeler le métier des enseignants, et ce dans l’ensemble des cycles scolaires, du primaire au supérieur. Mais paradoxalement, elle ne fera que renforcer un constat déjà avéré aujourd’hui : la principale qualité d’un enseignant restera son aptitude à se remettre en question.

La vocation des enseignants restera, au XXIe siècle, la même que sous Jules Ferry : former des citoyens éveillés et des actifs aptes à s’insérer dans la vie professionnelle.

Nous serons engagés dans une course de fond pour conserver un avantage sur la machine (« Race against the machine », comme l’ont formulé les économistes Andrew McAfee et Erik Brynjolfsson). Sur quoi sera fondé notre avantage ? Sur un mix d’humanités, d’une part, et de compétences scientifiques et techniques pointues, d’autre part. Premier élément : un cœur de compétences « humaines », qui gravitent autour de ce que Yuval Noah Harari, appelle les 4C : la Créativité, la Collaboration, la Communication et la pensée Critique. Deuxième élément : l’employabilité exigera un niveau scientifique et technique rehaussé.

L’IA déplacera des emplois, c’est prévisible. Mais, quant à savoir si le solde des créations et des destructions sera positif, etc. – tout cela dépendra des ajustements que nous réaliserons dans l’éducation, la formation continue, les dispositifs d’assurance sociale, etc.

Les enseignants ne seront pas seuls à accompagner cette transition, mais ils seront aux avant-postes. C’est à eux qu’il reviendra « d’apprendre à apprendre » aux élèves. Ils devront ancrer en chaque élève la conviction qu’il peut – et devra – se former de manière autonome tout au long de sa vie.

Les enseignants seront « augmentés » par une palette de nouveaux outils numériques. Du point de vue de l’enseignant, quatre catégories de technologies éducatives auront une influence sur son quotidien professionnel : des technologies de contenus pédagogiques, d’aide à la décision pédagogique,de formation (ou d’auto-formation) de l’enseignant et des aides à la gestion du système éducatif.

L’IA sera un outil de transmission des savoirs, dont l’enseignant devra apprendre à se servir à bon escient – mais elle ne sera qu’un outil de plus. Au-delà des savoirs, il faudra transmettre aux élèves un état d’esprit – celui de la remise en question, de l’agilité, de l’expérimentation, du développement personnel continu. Et pour cela, seul fonctionnera l’exemple incarné par l’enseignant.. Dans une étude réalisée à partir du classement PISA, McKinsey avait montré que, pour un système éducatif avancé, l’excellence reposait sur trois caractéristiques invariantes : laisser énormément d’autonomie à l’enseignant dans sa salle de classe ; encourager des pratiques pédagogiques collaboratives (des échanges réguliers, du tutorat, entre collègues et avec la direction de l’école) ; fournir une aide individualisée à chaque élève. Ceci implique des conditions propices : laisser au chef d’établissement une autonomie de recrutement, et par ailleurs, mettre en place des indicateurs clairs pour mesurer l’efficacité des pratiques pédagogiques.

Ce devrait être une perspective engageante pour les enseignants, à plusieurs titres. Ils seront amenés à se recentrer sur l’activité à plus forte valeur ajoutée de leur métier, l’humain. Le « plus beau métier du monde » n’en sera que plus passionnant ! Mais au-delà, les enseignants joueront un rôle actif dans la transformation de notre société – et, à ce titre, contribueront directement à la façonner car comme le disait Aristophane : « Enseigner ce n’est pas remplir un vase, c’est allumer un feu ».