Avant d’être un symbole sexy, le talon de chaussures a été un symbole de pouvoir… masculin comme le rappelle un excellent article de Slate.
Les nobles japonais (avec leurs chaussures surélevées) ou les aristocrates français avec leurs talons affirmaient leur condition : celle d’être oisif (ou tout au moins de non travailleurs manuels). Cette mode (en France) dura jusqu’à la révolution française, période où on coupa les têtes et les talons des chaussures pour ramener tout le monde au ras du sol.
La bourgeoisie ayant pris le pouvoir, après la révolution, les chaussures d’homme devinrent plus basses et ce sont les femmes qui prirent le relais avec des talons de plus en plus hauts. Tout comme les hommes avant la révolution, pour qui le mollet était un signe d’élégance, le talon avait pour objectif d’élancer la silhouette féminine.
Cela nous fait réfléchir sur la leadership et le regard que nous portons sur les autres. Les chaussures à talon et plus généralement les chaussures qui nous surélèvent du sol nous placent dans une situation qui nous détache du commun des mortels.
Cela a duré jusqu’aux trente glorieuses où l’entrée des femmes dans le monde du travail a fait évoluer la donne. Comme il est plus difficile de marcher avec des talons, les jeunes générations sont passées aux chaussures plates, voir aux tennis.
Vous pouvez aussi analyser cette situation en regardant l’évolution du costume cravate ou du tailleur, qui sont encore l’apanage de quelques milieux « classiques » (la cravate disparaît progressivement), mais se ringardisent rapidement.
De même le lien entre pouvoir et m2 de bureaux s’estompe avec la progression des espaces ouverts : seuls quelques happy few ont des bureaux fermés pour des questions de confidentialité ou de représentation.
Quels signes de pouvoir ou de différenciation nous restent-ils alors ? Un bureau près des fenêtres dans les espaces ouverts ? Des vêtements de marque ? L’étage auquel on travaille ? La proximité du chef ?
Deux constats :
- Il y a une volonté constante d’une minorité qui se veut « leader » de se différencier par n’importe quel signe, y compris le talon.
- Même si nous revenons tous au ras du sol, l’affirmation du statut de non travailleur (manuel) est toujours une constante de différenciation dans notre culture.
Alors comment se différencie-t-on des autres dans votre environnement ? Le talon ou… ?