Réussir son départ

Le Monde  en date du samedi 29 octobre  a publié un article de Marion Dupont « Réussir sa mort » qui retrace l’évolution du sens de cette expression depuis l’antiquité. 

Bref extrait : « S’éteindre dans son lit ou périr au champ d’honneur, partir entouré de ses proches ou pardonné de ses péchés… la définition du bien mourir fluctue en fonction des époques et s’imprègne des enjeux contemporains. Jusqu’aux débats actuels, qui opposent partisans de l’aide active à mourir à ceux qui soutiennent les soins palliatifs »

La lecture de cet article que je vous recommande m’a fait penser aux thèmes « réussir son départ d’une entreprise », ou plus largement « son départ de la vie professionnelle ». 

Là aussi, il y a eu évolution dans le temps. Nos grands-parents ont connu pour la plupart de longues carrières dans une seule entreprise, nos parents des carrières souvent coupés net par les restructurations et souvent des fins de carrière difficile pour arriver à la retraite. La génération actuelle vit des changements encore plus fréquents. Autrefois, l’indemnisation des départs n’était de fait qu’en cas de licenciement, aujourd’hui la rupture conventionnelle s’applique très souvent même dans le cas de démission. Indépendamment des restructurations, les départs volontaires sont le plus souvent liés à une mésentente avec son manager et, tout comme dans les divorces aujourd’hui, on n’accepte plus ou on n’a plus la patience de temporiser pour y remédier.

Alors, dans ce contexte, qu’est-ce que réussir son départ ? Le sujet est trop vaste pour être traité en quelques lignes, mais il y a des liens avec « réussir sa mort ». 

Il y a ceux qui se suicident en quittant brusquement, volontairement ou non, une entreprise. La rupture brutale laisse toujours des séquelles.

Il y a ceux qui meurent « au champ d’honneur » en prenant des risques, trop de risques et qui s’y brûlent les ailes : ils partent parfois auréolés de leur gloire perdue et parfois cassés par l’effort qu’ils ont fait.

Il y a encore ceux qui se laissent mourir à leur travail, désabusés et amers. 

Vous avez ceux qui en font une fête à chaque départ. 

Et je n’oublierai pas ceux qui partent la tête haute, en pardonnant à ceux qui les ont blessés.     

Pour ma part, j’ai quitté plusieurs entreprises, certaines poussés dehors et d’autres volontairement. J’ai dû vivre plusieurs de ces situations. Je mesure aujourd’hui, avec le recul, que cela se prépare, se travaille en amont par un travail sur soi. Dans un monde de plus en plus agité, retrouver une certaine distance par rapport aux évènements y aide.  

 Et vous, où êtes-vous ?