Peut-on mépriser le monde d’en-bas ?

Dans son livre « Blanc » (Gallimard, 2002), Sylvain Tesson nous raconte une longue randonnée dans les Alpes. Une racontée en hiver, hors-pistes, de refuge en refuge et loin du monde commun, le monde d’en-bas. Il se pose la question du regard distancié. 

« C’était un danger de l’alpinisme : croire que le surplomb physique autorisait à mépriser le monde d’en bas. L’analogie était facile entre l’air de cristal et l’esprit pur, la grande santé et la haute pensée. Cette symbolique de comptoir avait inspiré une littérature d’acier sur les vertus purificatrices de la montagne où se confondaient conquête du sommet et domination morale. En réalité le sommet ne rehausse jamais la valeur de l’être. L’homme ne se refait pas. Quand il atteint les altitudes splendides, il y transporte sa misère. L’histoire de l’exploration fourmille d’épisodes sordides vécus en des lieux enchanteurs : des alpinistes qui en viennent aux mains sur les sommets de cristal, des naufragés qui se percutent sous les cocotiers… L’homme a beau se propulser dans la beauté, il retombe toujours dans ses penchants. Le décor n’y fait rien ». 

Ce qui est valable pour les situations décrites peut aussi s’appliquer à notre quotidien. Dès que nous prenons un peu de recul par rapport à des personnes moins fortunées, des collaborateurs moins élevés dans la hiérarchie, des personnes vivant un peu loin de là où nous sommes, qui sommes-nous pour porter un regard que ce soit de jugement ou compatissant ?

Un texte qi fait réfléchir sur notre tendance à émettre parfois des jugements hâtifs.