Il faut sauver le soldat « leadership »

Il est fréquent aujourd’hui de parler d’absence de vision tant des hommes politiques que des dirigeants d’entreprise. Quand bien même ces derniers se projettent dans le futur, leur vision ne descend pas forcément vers la base de leur organisation. Il en ressort un sentiment de frustration de la part des managers et collaborateurs qui ont l’impression d’être dans un « bateau ivre ». 

Dans un de ses derniers livres, « L’ordre du monde » (Pluriel, 2023), Henry Kissinger (1923-2023), qui fut un des grands diplomates des années 70, s’interroge : « On a souvent défini l’ordre mondial en partant de l’hypothèse que, si les gens peuvent se procurer et échanger librement les informations à l’échelle planétaire, la propension naturelle de l’être humain à la liberté s’enracinera et s’accomplira, tandis que l’histoire progressera en quelque sorte sur pilote automatique. Pourtant, les philosophes et les poètes ont longtemps séparé le champ de compétences de l’esprit en 3 sphères : information, connaissance et sagesse. »

Pour lui, si Internet a démultiplié l’accès à l’information, le trop plein de celle-ci a conduit à un recul en termes de connaissance, dans le sens où nous avons et prenons de moins en moins de temps à analyser les données à notre disposition et survolons les gros titres qui nous donnent une vue réduite et souvent orientée des évènements. Dans ces conditions, ce manque de discernement conduit à une moindre prise de recul et par là-même de sagesse.

Si cela concerne l’information en général, cela touche aussi notre vie professionnelle. Nous avons de plus en plus d’outils de communication, et en parallèle, nous privilégions l’urgence à l’importance. 

Comment relancer cette dynamique de discernement et de prise de recul ? 

Si vous êtes manager ou chef de projet ou encore coordinateur, posez-vous la question – et posez-la à vos collègues concernés- : à quoi ressemblera la fin de 2024 et qu’est-ce que cela suppose pour nous en tant qu’équipe ? ».

Vous n’avez pas vous-même la réponse à votre niveau ? Demandez à votre propre responsable ! 

Et s’il n’a pas la réponse, je vous suggère de la construire avec vos collègues. Comment ? En définissant quelque chose d’important pour vous et pas urgent : il peut s’agir du développement d’une compétence, de l’amélioration d’une tâche, ou de tout autre action qui vous facilitera la vie au quotidien pour atteindre votre objectif de fin d’année. Vous y consacrerez 5% de votre temps (environ deux heures par semaine). 

Cela suffit déjà à avoir le sentiment en équipe de reprendre la main. C’est un début et vous en verrez vite les conséquences. Savoir où l’on va, même si c’est sur un sujet réduit, c’est pouvoir analyser l’information utile, faire preuve de discernement sur la connaissance et acquérir de la sagesse en prenant du recul. 

Le leadership nouveau est arrivé !