Regardez, imitez, répétez, répétez

En 1968, une chaîne de télévision a réalisé un reportage intitulé « Technique et expérience » visant à démontrer que tout individu est capable d’atteindre un niveau d’excellence, non pas grâce à sa capacité de raisonnement, mais à la répétition d’une technique préconçue, moyennant une attention soutenue et une forte concentration. La thèse en était que la réflexion n’est pas forcément nécessaire pour se sortir d’affaire, que les tentatives échouées, l’observation et la reproduction suffisent dans bien des disciplines.

Le film montrait ainsi une souris coincée dans un labyrinthe qui au bout de 10 fois, à force de s’écraser le nez sur des parois inébranlables, finit par retrouver sans peine le chemin qui mène à la sortie et à s’extraire du dédale de plus en plus vite, sans y penser.

Et  le documentaire de présenter dans la foulée des apprentis coiffeurs maniant les ciseaux tous dans un même mouvement au rythme des coups de sifflet du maître sans saccager la chevelure du cobaye du service. Suivaient des images de jeunes « office Ladies » en stage de saisie informatique de montagnes de facture s’activant une vitesse troublante, puis des plans sur des futurs employés de banque comptant à la main des centaines de billets plus vite qu’une machine.

Répéter, répéter, ça finira bien par rentrer point la preuve, même une souris avec sa  petite cervelle se sort de la panade. Vous n’êtes pas plus bête qu’elle ? Dont acte.

Morale de l’histoire : le résultat dépend de la technique et dans tout domaine il existe, à un moment donné, une méthode presque infaillible et optimale que chaque prétendant à une fonction peut et doit maîtriser, même s’il faut qu’il s’entraîne durant des heures et s’il a d’abord le droit à l’erreur .

La robotique s’inspire d’ailleurs elle aussi de ce méthode point les automates sont régis de telle sorte que leurs mouvements soient précis et rationnels, sans dépenses d’énergie ni gestes injustifiés. Sur le plan de la rapidité, l’homme aura de la peine à rivaliser quoi.

Source : Karyn Poupée, Les Japonais, Tallandier, 2008