De 8 milliards d’objets connectés aujourd’hui, nous devrions passer à 20 d’ici à 2020. Enceintes, véhicules ou maisons connectés, intelligence artificielle, robots ou assistants vocaux vont, dans les années à venir, transformer nos vies de consommateurs, mais aussi de professionnels. Le mouvement est si brutal et si rapide que rien ne paraît devoir enrayer sa marche en avant. Adtech, agritech, fintech, food tech, healthtech, edtech, retailtech… symbolisent le progrès et les start-up qui travaillent dans tous ces domaines réunissent inventeurs et promoteurs dans des salons spécialisés pour valoriser leurs avancées.

Pour le consommateur ou l’usager, tout va un peu trop rapidement. Il en est de même pour le salarié et le manager, qui essaient, parfois à grand-peine, de suivre les démarches de digitalisation menées dans leur entreprise. Si chief digital officerest aujourd’hui un poste stratégique et que les termes “multicanal”, “social selling”, “big data” ou “blockchain” semblent constituer l’alpha et l’oméga du discours sur l’avenir des dirigeants, la réalité est souvent tout autre. Une récente étude montrait ainsi que la digitalisation n’arrive qu’en septième position des changements qu’ont connus les salariés français.

Et, il faut bien le reconnaître, nos bureaux ne sont pas devenus les autels à objets connectés que les prophètes du digital nous prédisaient.  Les salariés perçoivent aujourd’hui plus de bruit que de résultats dans le phénomène de la digitalisation. Derrière ce décalage, il y a la désormais fameuse “révolution des usages”: l’innovation, notamment lorsqu’elle couvre des besoins multiples, ne peut aller plus vite que la capacité des femmes et des hommes à la digérer. Celle-ci progresse, il est vrai, mais pas à la vitesse des technologies.

Aujourd’hui, la vitesse d’appropriation par un individu ou un collectif d’un Slack ou d’un Snapchat  est extrêmement rapide. Il n’empêche que des pans entiers de la population ne se familiariseront jamais avec ces outils. “Nos progrès en tant que nation dépendront de nos progrès en matière d’éducation. L’esprit humain est notre ressource fondamentale”, disait J. F. Kennedy. La révolution de nos apprentissages serait-elle finalement le seul vrai défi de la digitalisation ?

Source : Erwan Nabat (Alter&Go.) sur Capital