Un tramway nommé « Amélioration »

Imaginez la situation suivante : le conducteur d’un tramway lancé dans une course folle a le choix entre deux options. Soit, il le laisse poursuivre sa route et le tramway va inéluctablement percuter cinq personnes, soit il le dévie sur une voie secondaire où travaillent deux personnes… et les tuer et se tuer. 

En résumé, une personne peut effectuer un geste qui bénéficiera un groupe de personnes A, mais, ce faisant nuire à une personne B.  Est-il moral pour cette personne d’effectuer ce geste ? Autrement dit : en quoi consiste l’acte juste ? 

La très grande majorité d’entre nous ne sont pas des conducteurs de tramway, mais nous nous posons de telles questions. Face aux incertitudes de l’existence, nous avons appris qu’il suffit de surmonter nos émotions et que tout peut se régler par la raison. Pour la plupart d’entre nous, C’est ainsi qu’une décision se prend : en se fondant sur la rigueur d’une délibération préalable. 

Est-ce la réalité ? Nous imaginons que nous faisons nos choix d’une certaine façon, mais la réalité est autre. Si vous vous trouviez au volant de ce tramway ingouvernable qui s’apprête à écraser des êtres humains, votre réaction n’aurait rien à voir avec un calcul rationnel.  Dans ce type de situations, nos émotions et nos instincts prennent le dessus et influencent nos décisions les plus réfléchies, celles-là mêmes que nous estimons si rationnelles. 

Selon les sages, la réponse consiste à affûter notre instinct, à éduquer nos émotions et surtout à faire de la vie quotidienne un processus continu de culture de soi, afin de devenir capable, à terme, dans les moments décisifs comme dans les plus triviaux, de réagir de façon le plus juste possible en toute situation.  Dès lors, chaque rencontre et chaque expérience constituent autant d’occasions de fonder un monde meilleur autour de nous.

Nous sommes tous des leaders comme nous sommes tous des transmetteurs à notre échelle. Nos actes impactent notre entourage. Au-delà des décisions rationnelles et des gestes techniques, nos choix « réflexes » sont à travailler d’abord par une prise de conscience, puis une amélioration progressive au fil de l’eau. « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » disait déjà Rabelais. 

Évident ? Dans mes actions de coaching autour de la transmission du savoir, je croise nombre de professionnels qui ne se sont jamais réellement interrogés sur le sens de leurs gestes et de leurs rapports à autrui. Cela ne veut pas dire qu’ils ne soient pas « justes », mais simplement qu’un modeste effort de prise de conscience peut les aider à les faire grandir et démultiplier leur influence positive autour d’eux. 

Et vous, vous interrogez-vous à la fin de la journée sur la « justesse » de vos décisions ? 

Inspiré d’un livre de Michael Puett, La voie, Pocket